Élève de fond de classe toute ma longue scolarité, je griffonnais sur mes cahiers pendant des heures des motifs géométriques qui surgissaient au bout de mon crayon. Lignes courbes ou droites, cercles, triangles ou parallélogrammes, tout était prétexte à répéter un motif dont la taille et la forme allaient légèrement varier jusqu’à produire non plus une répétition de motifs, mais une texture.

À l’époque je ne voyais là-dedans que mes maigres talents en dessin, incapable de produire des formes figuratives. Mon attention et mon jugement focalisés ainsi, je ne mesurais pas toute l’importance de ce geste sur mon état intérieur. Il m’a fallu des décennies (!) pour réaliser que j’avais trouvé dans cette pratique ma recette pour atteindre une certaine forme d’équilibre méditatif à cultiver (lâcher prise et présence totale à l’instant).

De longues années se sont écoulées sans que je ne pratique ou même repense à tout ça. Puis un jour quelqu’un a osé me dire un truc incroyable (i.e que je ne pouvais vraiment pas croire) : «  Laurence vous êtes une artiste. Je le sais, j’en suis une moi-même, ça fait partie de vous ». Passés les moues, les soupirs et les plaidoyers sans intérêt, j’ai ressenti l’envie d’explorer cette drôle d’idée. Mon élan vers l’art abstrait me ramena vers les jeux de couleurs et surtout de texture. Rapidement j’ai eu besoin de prendre ma règle, mon compas et l’encre de chine pour donner forme et densité à mes dessins.

Mon besoin de sortir du cadre, tout en en ayant un, trouva là son expression et appelait l’introduction d’imperfections, ou plutôt d’irrégularités et de légères asymétries à mes images.

C’est avec la série des Etheriks que j’ai exploré, cette fois de façon numérique, l’agencement de formes qui auraient délibérément des « symétries imparfaites ». Ces images sont venues à moi d’une façon « magique » que j’aime à raconter.

En 2016 je courrais régulièrement proche de chez moi et j’avais pris l’habitude de terminer ma sortie par la remontée pieds nus d’un tronçon de rivière.

Un jour je me suis sentie non simplement interpellée, mais appelée par 2 morceaux de bois flottés échoués sur la berge. Je ne savais absolument pas pourquoi, mais j’étais poussée à les ramener chez moi. Ils avaient des formes singulières et je sentis que j’avais quelque chose à faire avec sans savoir quoi.

C’est en commençant un certificat en arts visuels que je commençais à explorer l’utilisation dans mes créations (de diverses manières) d’éléments naturels d’origine végétale.

Les Etheriks sont l’aboutissement de cette fusion. J’ai photographié ces pièces de bois pour en fixer un profil dont j’allais explorer la forme. Pour ce faire j’ai épuré l’image numérique pour n’en garder que quelques contours qui deviendraient des motifs en noir ou blanc à répéter. Je les ai recombinés un nombre incalculable de fois jusqu’à ce que toute évocation de la matière brute initiale (bois flotté et paysage de sa récolte) ne laisse qu’une empreinte vaporeuse, éthérique.

La poursuite de mon travail infini avec ces images s’est enrichi d’un intérêt croissant pour la géométrie sacrée. J’ai ainsi travaillé plusieurs formes, de différentes manières et dans différents contextes. Cette dynamique m’a portée naturellement vers le mandala dont le cadre circulaire allait réunir mon cheminement spirituel sur les pas du Bouddha et mon cheminement artistique guidée par les motifs  pour notre Terre mère.

Depuis, mes créations se veulent consciemment et solidement ancrées dans leur nature spirituelle et végétale, porteuse de la vibration guérisseuse du plus grand que soi.